The Good Life, le dernier jeu de Hidetaka "Swery" Suehiro, est finalement sorti de longues années après son annonce initiale et de multiples reports. Mais alors, comme on le dit si bien, plus c’est long, plus c’est bon ?
The Good Life est presque une arlésienne. Depuis son annonce et ses passages par des campagnes de financement participatif, deux autres jeux estampillés Swery sont sortis dans les bacs : le marquant “Le manquant”, pardon, The Missing : J.J. Macfield and the Island of Memories, et l’encore plus surprenant puisque sorti de nulle part Deadly Premonition 2. Deux plutôt bons jeux en soi, même si on pourra énormément trouver à redire sur le second. The Good Life sera t-il du même acabit ? C’est ce que nous allons voir tout de suite dans ce TEST !
The Good Premonition
The Good Life vous narre l’histoire de Naomi Hayward, une journaliste du Morning Bell, un canard new yorkais, qui vient enquêter dans la petite ville de Rainy Woods, sorte de pendant britannique de Greenvale, afin de déterminer pourquoi cette ville se targue d’être la plus heureuse du monde. Un grand sujet. Il se pourrait aussi bien que notre héroïne ait quelques dettes que cette enquête lui permettrait d'éponger… Et dès la première nuit, une nuit de pleine lune, elle va assister à un phénomène assez délirant : tous les habitants de la ville vont se transformer en chien ou en chat ! Un propos de départ totalement absurde, et les capacités de l'héroïne de se transformer elle aussi en chien ou en chat, mais à la demande, vont ajouter au WTF ambiant ! Et en plus, vous savez quoi ? Deadly Premonition et ses meurtres rituels ne sont pas très loin....
Goddamn Hellhole !
Au final, si le scénario se laisse suivre, on est face à quelque chose de très raccord avec le design global adopté : guignolesque, si vous me permettez le terme. Les rebondissements sont légion, les personnages plutôt bien développés, mais on reste globalement, du début à la fin, dans cet esprit comique inhérent au design des protagonistes. C’est un peu dommage, et la fin laisse clairement à désirer. Niveau narration, ça va du basique à l’original. Il y a pas mal de cinématiques, mais peu sont doublées, ou avec un accent british à couper au couteau. Le jeu est très bavard mais reste disponible uniquement en anglais… Quelques faits, parfois parmi les plus importants, nous sont souvent racontés de façon elliptique, soit avec la voix du narrateur, soit via un email qui reviendra sur ce que nous n’avons pas vu !
Le procédé s'avère souvent assez surprenant, mais au final cela fonctionne plutôt bien et contribue à donner une véritable âme au jeu, et vu ce qui suivra dans la suite de cette critique, il en aura bien besoin car c’est peut être là que se trouvera sa bouée de sauvetage. Car en effet, si l’univers, la narration et le scénario gardent incontestablement un côté nanard totalement assumé, question jouabilité, on reste sur quelque chose d’au moins aussi foireux que Deadly Premonition 2...
Deadly Life
Dans The Good Life, on retrouve le principe de monde ouvert à la Shenmue initié dans le premier Deadly Premonition. Le temps passe, le cycle jour/nuit est de la partie, et bien évidemment, l’emploi du temps de tous les PNJ est réglé à la minute près. Ce qui peut se révéler bien pénible quand celui à qui vous devez parler n’est disponible que le lundi et le jeudi… On a même du attendre 15 jours in-game (24 heures passent en 24 minutes, mais on peut dormir, heureusement) que la nuit folle des chiens et des chats revienne pour accomplir un objectif à la fin du jeu ! C’est d’ailleurs le seul moment ou cette folle nuit sert dans la jouabilité du scénario principal… Un comble ! Mais ces histoires d’emploi du temps rendent les choses et notre enquête bien complexe…
Rassurez-vous, si vous le désirez, vous pouvez passer votre temps à entretenir votre jardin et votre maison, à décorer l’intérieur ou amasser les matériaux nécessaires à la confection d’une nouvelle tenue : clairement, The Good Life possède un petit côté Animal Crossing, ou le but sera simplement de vivre, en se lavant, en mangeant et en dormant, et en soignant ses maladies (la gestion reste très sommaire). Mais lors de l'enquête, Naomi pourra elle aussi se transformer ! En chat, elle pourra parcourir de grandes distances plus rapidement, se battre avec des petits animaux, et en chien, elle pourra fouiller les poubelles et suivre des pistes en mémorisant une odeur !
Le manquant
Si ces phases en animal sont souvent insipides, quelques utilisations sont assez marrantes et clairement, le jeu se paye le luxe de faire “moins pire” que Deadly Premonition 2 sur certaines phases. Mais on reste sur quelque chose de globalement faiblard, avec des combats d’animaux bien nazes, des courses de moutons, des pistes à suivre, et le tout apporte généralement peu de plaisir. Les multiples quêtes du jeu sont souvent des quêtes de type “FedEx”, et l'héroïne passe son temps à s’en plaindre. Les déplacements sont souvent fastidieux et on vous conseille de faire tout de suite le début de la “route A” quand elle sera disponible pour débloquer le déplacement à dos de mouton. Nous, on l’a fait en dernier… La carte est assez vaste, presque autant que dans Deadly Premonition.
Et l’aspect technique du jeu ne viendra pas le sauver de sa noyade globale : sur One S, le frame rate est hostile. Le jeu doit bien tourner en 15 fps, pas plus. Et on ne vous parle pas de l’aliasing, du popping, des temps de chargement, ni des crashs ou des erreurs de pathfinding qui surviennent pendant les cinématiques. Pour profiter de The Good Life, vous l’aurez compris, il faut être un peu maso.